L’urine, cette substance que tout être humain élimine tous les jours est un engrais naturel et écologique. En commune Rango de la province de Kayanza au nord du Burundi, cette pratique est largement utilisée pour stimuler la production agricole et réduire la dépendance aux engrais chimiques.
La collecte
Colline Nyabiyogi. 10H50. Artémie Kwizera, 42 ans reçoit chez elle une forte délégation composée de membres des organisations partenaires de l’ONG belge Broederlijk Delen ou BD en sigle à savoir l’ADISCO, l’INADES-FORMATION B
urundi, la CTJEBU et l’UHACOM dans le cadre de la mise en œuvre du projet Tubungabunge isi ndimwa financé par l’Union européenne.
Après les salutations d’usage, Artémie procède à l’explication du processus de collecte d’urines humaines qui sont utilisées comme fertilisant.
« Cette toilette a été conçue de manière à libérer deux voies de sorties : une pour drainer les excréments humains d’un côté et une autre pour collecter les urines de l’autre », déclare cette mère de six enfants devant une foule de curieux.
D’après toujours l’oratrice du jour, les urines collectées sont conservées dans un bidon hermétiquement fermé pendant 45 jours pour permettre à l’azote de se séparer de l’eau.
«L’urine est un engrais 100% naturel, très riche en nutriments pour les végétaux, comme l’azote, le phosphore ou le potassium », a renchéri Josiane Mpawenayo, animatrice à l’Adisco.
Pour elle, il faut diluer 50 cl d’urines dans un arrosoir de 10 litres et appliquer la dilution au goulot aux pieds des plantes sur un mètre carré et répéter l’opération sur l’ensemble du potager. L’idéal serait de patienter 2 à 3 semaines entre deux applications, dit-elle.
Une alternative aux engrais chimiques
«L’urine va apporter beaucoup d’azote », précise l’animatrice Josiane. Or, ajoute-t-elle, l’azote favorise le développement des feuilles qui sont fragilisées par leur finesse, donc plus sensibles aux maladies pendant que les fruits se développent difficilement.
C’est à ce titre que l’apport d’engrais azoté doit être limité en saison de pluies pour accompagner le départ végétatif.
Toutefois, les légumes-feuilles comme des choux très gourmands en azote pourront en recevoir même au-delà de la période pluviale durant toute leur période de croissance.
Dans tous les cas, les apports d’urines doivent être arrêtés à un mois avant les récoltes. Toutefois, l’urine non diluée sur les plantes peut agir comme un désherbant en les brûlant, précise l’agronome de l’adisco.
Albéric NDAYIRUKIYE