Lionel MUNYANEZA

De technicien en mécanique à cuisinier, la reconversion fulgurante de Lionel MUNYANEZA

A 25 ans, Lionel MUNYANEZA est un cuisinier d’exception. Un parcours atypique, plein de  déconvenues et expériences culinaires, Lionel est un cuisinier accompli, plein de modestie. Rencontre.

La prison, l’exil et la rue

Alors qu’il entre en première année post fondamentale, Lionel est soupçonné d’avoir participé aux manifestations de 2015, puis arrêté et emprisonné. Il n’a que 17 ans.

Sorti de prison, sa famille décide de l’extirper de sa zone natale, visiblement en fronde contre le régime en place à Bujumbura. Il s’enfuit en Ouganda.

Le jeune adolescent pensait suivre une scolarité normale. Il est inscrit à la  Windows School de Mbalala, section mécanique. Très vite, il déchante. Il doit se débrouiller seul pour survivre.

« J’ai dû vendre des arachides et des crêpes dans  les rues de Kampala pour pouvoir subvenir à mes besoins en alimentation et payer le minerval », se souvient-il.

En classe, Lionel fait ce qu’il peut. Il parviendra à décrocher son diplôme de technicien en mécanique.

Cuisinier loin de chez lui

Troisième d’une fratrie de quatre enfants, cet orphelin de père n’avait jamais cuisiné avant son exil. Il passait ses moments de détente à jouer au football.

Pendant qu’il errait dans les rues de Kampala, il est cueilli par un de ses clients de crêpes qui l’embauche désormais comme cuisinier.

« De là, je rêvais de travailler un jour pour un des restaurants VIP de la capitale ougandaise », dit-il.

Lionel sera tour à tour employé par les restaurants Okia et B-Plus où il apprendra à préparer les pizzas, les cup cake, les roll eggs, les gâteaux, les sambussa, etc…

«Au restaurant Okia, j’ai accepté de travailler en percevant un maigre salaire parce que je voulais à tout prix apprendre à préparer divers menus », confie le jeune homme.

Une rapide reconversion

Au mois de mars 2022, Lionel revient au pays pour chercher un passeport. Après avoir rempli les formalités d’usage, le document traîne et il continue à puiser dans ses provisions.

«Lorsque j’ai vu qu’il ne me restait que  150 mille francs, je me suis dit qu’il n’y avait pas d’autres choix que de retourner précipitamment en Ouganda. Mes amis à qui j’avais raconté mon parcours m’ont persuadé de travailler ici », affirme-t-il.

Muni d’un capital de 150 mille francs, l’audacieux jeune homme tente sa chance dans une petite boutique de l’avenue Muyira du quartier Kinanira II en zone Musaga.

Depuis ce jour Lionel voit sa clientèle augmenter de jour en jour.

Une fois qu’un client franchit la porte, Lionel surprend en lui proposant une offre spéciale ou la pizza du jour. Après onze mois de travail, il a déjà réalisé des bénéfices et fidélisé des clients.

« De 150 milles francs, je suis passé facilement à un capital de plus ou moins 3 millions francs  de », se réjouit-il.

Aux jeunes en quête d’emploi, Lionel leur recommande d’oser entreprendre. Pour lui, le principal handicap est le manque de confiance en soi.

«Il faut avoir un état d’esprit positif et répéter régulièrement l’expression : en avant », conseille-t-il.

Albéric NDAYIRUKIYE