Filliolet Muhimpundu, l’Etoile montante de la construction de terrains de jeu

À 33 ans, Filliolet Muhimpundu puise ses inspirations dans ses nombreux voyages où il a eu l’opportunité d’explorer différentes cultures et modes de vie. Cette richesse d’expérience lui permit d’appréhender son projet avec un regard unique et une sensibilité particulière aux besoins de la jeunesse de son pays, le Burundi.

Chauve et densément barbu, Filliolet  a une corpulence d’un athlète accompli. D’ailleurs, il manie le ballon orange avec aisance.

Filliolet Muhimpundu, l’Etoile montante de la construction de terrains de jeu

Né à Bujumbura, Filliolet s’intéresse dès son jeune âge au jeu de Basketball. Il comptait se perfectionner et jouer un jour en première division dans un des clubs de Bujumbura lorsqu’il entre en 7eme année au Lycée du Saint Esprit en 2003.

« Dans notre famille, tout le monde joue au Baskeball, mes frères, même notre papa est un vrai fan de cette discipline » dit-il en souriant.

En 2010, le jeune homme  décroche son diplôme de fin des humanités générales et ses parents lui payent une bourse pour aller poursuivre ses études universitaires en Chine.

À l’issue de son cursus académique, il obtint une licence en Informatique de gestion et un Master en gestion des entreprises.

Le goût du challenge

En 2013, le jeune cadre est embauché  comme encadreur sportif par plusieurs centres de développement du Basketball dont le célèbre Ying Mi Baskeball Club. Il s’occupera des enfants de la catégorie des 8 à 10 ans.

Pendant 7 ans, de bons moments passés avec les enfants chinois renforcent en lui sa passion pour le Basketball, la confiance en soi et la prise de risque.

À son retour au pays, il crée la New Vision Pro Services, une entreprise de construction dont la mission première est de doter le pays des infrastructures de Basketball de niveau standard.

Le terrain de basketball du lycée du Saint-Esprit a été construit par New Vision Pro Services.

Le premier terrain a été érigé à son ancienne école, le Lycée du saint Esprit de Bujumbura qu’il n’a jamais quitté d’ailleurs puisqu’il est toujours membre de la Chorale Saint Ignace de Loyola qui chante pendant la messe de 8 heures le dimanche.

« Le Père Samurenzi nous rappelait constamment qu’à l’issue de notre passage dans un endroit, il faut l’améliorer ou  à défaut le laisser tel que nous l’avions trouvé », se souvient encore le désormais patron de New Vision Pro Services.

« New Vision Pro Services va construire un nouveau terrain pour les quartiers du centre de Bujumbura et un autre pour la partie sud de la ville », ajoute-t-il.

Pour lui, le développement du Baskeball commence par les enfants. À ce titre, Filliolet rêve de construire une académie de Baskeball au Burundi portant le nom de son entreprise New Vision Pro Services.

Dès le mois de juillet prochain, projette-t-il, New Vision Pro Services compte organiser les premiers camps d’entrainement pour les enfants de moins de 16 ans.

Albéric NDAYIRUKIYE

 

Burundi- Agriculture. Le projet TIN touche à sa fin

Le projet Tubungabunge Isi Ndimwa a été clôturé le vendredi 10 mai 2024. Cinq ans durant, le projet TIN  a développé des activités allant dans le sens de son objectif principal qui était  de consolider le domaine de la sécurité alimentaire à travers l’agro écologie, le renforcement organisationnel et le plaidoyer. Satisfaction.

Le projet Tubungabunge Isi Ndimwa
Le projet Tubungabunge Isi Ndimwa

La réunion de clôture

Après 5 ans d’intenses activités sur le terrain, le projet TIN a été officiellement clôturé le 10 mai 2024 lors d’une cérémonie sobre  de présentation des résultats à l’hôtel Royale Palace de Bujumbura devant un parterre d’acteurs et  de partenaires techniques et financiers.

Ouverte par l’assistant du ministre en charge de l’environnement, de l’agriculture et de l’élevage M. Emmanuel Ndorimana, cette réunion a été menée sur le mode ouvert qui a permis à tous les collaborateurs, gouverneurs de provinces, agriculteurs, représentants d’ONGs et d’institutions de recherches de s’exprimer sur  leur ressenti et réaliser leur propre bilan du projet du point de vue technique, managérial et méthodologique.

Ce fut  également l’occasion de reconnaître la contribution de chacun aux résultats du projet. Celui-ci  a touché 392 collines réparties sur 28 communes des provinces Kayanza, Karuzi, Ngozi, Ruyigi et Cankuzo.

Plus de soixante-dix mille exploitants agricoles, essentiellement des femmes et des jeunes ont bénéficié des outils offerts par le projet comme l’a indiqué Roberto Cavallini, chargé de programme au Collectif Stratégies Alimentaires, CSA en sigle, pour le Burundi et la RDC dans sa présentation sur le bilan dudit projet.

La clôture, une transition plus qu’une fin

«Il faut à tout prix penser à la pérennisation des méthodes anti érosives », a lancé Alain Kagisye, chercheur à l’Institut des Sciences Agronomiques du Burundi, ISABU en sigle.

Plus de 1000 hectares de terrain ont été protégés contre l’érosion, a ajouté le chercheur.

« La recherche-action  a permis aux paysans modèles d’acquérir un savoir-faire qui leur permettra de réorienter l’agriculture vers des systèmes encore plus respectueux de l’environnement », a renchéri son collègue Cyrille Hicintuka.

« L’ensemble des éléments produits pendant les cinq années de mise en œuvre du projet TIN constituent autant de ressources précieuses pour l’avenir », affirme Révérien Mvukiye, agriculteur de la commune Kigamba en province de Cankuzo de l’extrême-Est du Burundi.

Avec seulement 25 agriculteurs formés pour toute la province de Cankuzo, le désormais paysan modèle regrette cependant que le projet ferme  prématurément,  avant d’atteindre tout le pays.

Le projet TIN a été mis en œuvre par un consortium de deux ONGs belges à savoir la Broederlijk Delen, BD en sigle et le Collectif Stratégies Alimentaires, CSA en sigle, en collaboration avec les organisations burundaises ADISCO et CAPAD.

Albéric NDAYIRUKIYE

Projet Tubungabunge Isi Ndimwa : formés pour former les agriculteurs

Une vingtaine d’encadreurs agricoles des communes de la province de Kayanza ont suivi  une formation du 30 janvier au 1er février 2024 sur la gestion de la matière organique dans le cadre du projet Tubungabunge Isi Ndimwa financé par l’Union européenne.

Au total, ils étaient 10 agronomes communaux et 10 animateurs communautaires venant de toutes les communes de la province de Kayanza ayant suivi une formation théorique et pratique  sur la gestion de la matière organique.

D’après Alain Kagisye, consultant et formateur, la matière organique cimente les particules minérales du sol entre elles et contribue à la stabilisation des agrégats.

«Une agrégation stable procure une bonne structure au sol et le rend moins compact, plus meuble et plus perméable à l’eau et à l’air », précise-t-il.

La  matière organique contribue à réduire les risques d’érosion hydrique et d’érosion éolienne des sols, ajoute Ferdinand Nkurunziza, encadreur agricole en commune de Gahombo.

« Nous avons appris que des agrégats stables sont plus difficiles à déplacer par l’eau de ruissellement et par le vent », indique-t-il.

L’eau de surface s’infiltre  mieux entre les agrégats qu’entre les fines particules, affirme ce technicien agronome.

Parmi les éléments d’une bonne gestion de la matière organique  abordés, les formateurs ont surtout insisté sur  la structure et la porosité du sol, sa rétention en eau ainsi que la lutte contre l’érosion.

Les apprenants engagés à vulgariser les connaissances acquises

7h 23 sur la colline Butezi, zone Rukago, commune Gahombo. Ferdinand Nkurunziza arrive à moto. Il était très attendu par une vingtaine de personnes membres d’un groupement local répartis sur 7 collines de la commune Gahombo.

Après une brève séance de prière, le chef de colline introduit l’animateur  du jour. Celui-ci revient en détails sur le rôle de la matière organique dans la protection des sols, sa création, sa conservation ainsi que la manière de réhabiliter un sol qui l’a déjà perdue.

«Le  labour répétitif entraine  la fragilisation du sol par une plus grande exposition à l’érosion, la compaction des couches profondes du sol par la création de semelles de labour et l’altération et la diminution de la matière organique en surface », déclare l’encadreur Ferdinand devant un public très attentif.

Puis, vient le moment des échanges et des témoignages.

« Nous avons toujours cultivé sans tenir compte de tout ce que nous venons d’apprendre et le rendement de nos champs n’a cessé de diminuer au fil des années », se plaint Raphael Ntiruhungwa, agriculteur de 64 ans.

De son côté, Géraldine Minani, 58 ans, affirme que sur sa colline, la mauvaise récolte est parfois associée aux mauvais esprits et à l’ensorcellement.

«Il m’est arrivé à plusieurs occasions d’aller consulter un sorcier pour savoir qui parmi les voisins nous avait causé du tort alors que notre propriété était à la merci des effets de l’érosion », conclut cette mère de 8 enfants.

En plus des connaissances en matière agricole, cette formation pourra contribuer à baisser les tensions communautaires liées notamment à des croyances superstitieuses, se réjouit  Violette Manirakiza, jeune femme de 43 ans.

Albéric NDAYIRUKIYE

Plateforme pour la gestion durable de la fertilité des sols

Burundi : bientôt une nouvelle plateforme pour la gestion durable de la fertilité des sols

Une réunion d’échanges  entre les responsables du ministère en charge de l’agriculture, les chercheurs, les universitaires et les agriculteurs réunis en coopératives a eu lieu le 20 décembre 2023 à Bujumbura.  Il s’agissait d’une 2eme rencontre de haut niveau après celle du 14 avril 2023 qui avait planché  sur la nécessité de rassembler tous les intervenants dans la fertilité des sols en  une même plateforme dans le cadre du projet Tubungabunge Isi ndimwa, financé par l’Union européenne. Des avancées notables.

Plateforme pour la gestion durable de la fertilité des sols
Plateforme pour la gestion durable de la fertilité des sols

Un nouvel organe  pour restaurer et protéger  la fertilité des sols

« Plus de 70 mille bénéficiaires directs des provinces Cankuzo, Karuzi, Kayanza, Kirundo et Ngozi ont été encadrés dans le cadre du projet Tubungabunge Isi Ndimwa et 38 milles d’entre eux ont suivi une formation en agro écologie », a indiqué  Roberto Cavallini, chargé de programme au Collectif Stratégies Alimentaires, CSA en sigle, pour le Burundi et la RDC dans sa présentation sur le bilan dudit projet.

«L’agriculture reste un secteur prioritaire pour l’Union européenne », a renchéri  Arnold Jacques De Dixmude, Chef de Secteur au bureau de la délégation de l’Union européenne au Burundi.

Pour lui, la stratégie adoptée est celle dite « de la ferme à l’assiette » en vue de rendre au sol la matière organique.

Le représentant du ministre en charge de l’agriculture qui procédait à l’ouverture de l’atelier a salué le pas franchi par le projet Tubungabunge Isi Ndimwa en matière d’agro écologie et de protection de la fertilité des sols.

«Le gouvernement est engagé à renforcer et protéger la fertilité  des sols », a précisé  Emmanuel Ndorimana, assistant du ministre. D’après ce responsable, la nouvelle plateforme devrait être innovante.

Plateforme pour la gestion durable de la fertilité des sols

La structure de la plateforme en gestation

D’après un document élaboré par des experts et soumis au participants pour analyse et amendements, la plateforme devrait être un cadre spécifique d’échanges et de développement des synergies des différents acteurs du secteur agriculture   et fertilité des sols.

Pour Alain- Gilbert Ndakoze de la FAO, ce nouveau cadre permettra à tous les intervenants d’avoir une vision commune sur les causes profondes et des solutions à la problématique de l’agriculture en général.

Un bureau composé de représentants du ministère en charge de l’agriculture, de la FAO et d’ONGs locales et internationales sera mis en place. La présidence et la co présidence seront assurées respectivement par le Ministère de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage et la FAO tandis que le secrétariat reviendra à une ONG nationale ou internationale « ayant manifesté son engagement à appuyer techniquement et financièrement la plateforme », insiste le document.

Le nouveau bureau de la plateforme sera appuyé par un comité technique d’appui des experts issus de différentes institutions  pour plus d’efficacité et d’opérationnalité.

Le premier noyau choisi pour piloter la plateforme sera composé  de représentants du ministère en charge de l’agriculture, de la FAO, de l’ISABU, de l’Université du Burundi et d’ONGs locales et internationales.

Ce nouvel organe sera élargi à d’autres acteurs en fonction des besoins du moment d’après toujours les prévisions des experts.

Albéric NDAYIRUKIYE

L’urine humaine, un engrais méconnu, efficace et moins polluant

L’urine humaine, un engrais méconnu, efficace et moins polluant

L’urine, cette substance que tout être humain élimine tous les jours est un engrais naturel et écologique. En commune Rango de la province de Kayanza au nord du Burundi, cette pratique est largement utilisée pour stimuler la production agricole et réduire la dépendance aux engrais chimiques.

La collecte

Colline Nyabiyogi. 10H50. Artémie Kwizera, 42 ans reçoit chez elle une forte délégation composée de membres des organisations partenaires de l’ONG belge Broederlijk Delen ou BD en sigle à savoir l’ADISCO, l’INADES-FORMATION B

L’urine humaine, un engrais méconnu, efficace et moins polluant
Arthémie Kwizera,Agricultrice

urundi, la CTJEBU et l’UHACOM dans le cadre de la mise en œuvre du projet Tubungabunge isi ndimwa financé par l’Union européenne.

Après les salutations d’usage, Artémie procède à l’explication du processus de collecte d’urines humaines qui sont utilisées comme fertilisant.

« Cette toilette a été conçue  de manière à libérer  deux voies de sorties : une pour drainer les excréments humains d’un côté et une autre pour collecter les urines de l’autre », déclare cette mère de six enfants devant une foule de curieux.

 D’après toujours l’oratrice du jour, les urines collectées sont conservées dans un bidon hermétiquement fermé pendant 45 jours pour permettre à l’azote de se séparer de l’eau.

«L’urine est un engrais 100% naturel, très riche en nutriments pour les végétaux, comme l’azote, le phosphore ou le potassium », a renchéri Josiane Mpawenayo, animatrice à l’Adisco.

Pour elle, il faut diluer 50 cl d’urines dans un arrosoir de 10 litres et appliquer la dilution au goulot aux pieds des plantes sur un mètre carré  et répéter l’opération sur l’ensemble du potager. L’idéal serait de patienter 2 à 3 semaines entre deux applications, dit-elle.

 

Une alternative aux engrais chimiques

«L’urine va apporter beaucoup d’azote », précise l’animatrice Josiane. Or, ajoute-t-elle, l’azote favorise le développement des feuilles qui sont fragilisées par leur finesse, donc plus sensibles aux maladies pendant que les fruits se développent difficilement.

C’est à ce titre que l’apport d’engrais azoté doit être limité en saison de pluies pour accompagner le départ végétatif.

Toutefois, les légumes-feuilles comme des choux très gourmands en azote pourront en recevoir même au-delà de la période pluviale durant toute  leur période de croissance.

Dans tous les cas, les apports d’urines doivent être arrêtés à un  mois avant les récoltes. Toutefois,  l’urine non diluée sur les plantes peut agir comme un désherbant en les brûlant, précise l’agronome de l’adisco.

Albéric NDAYIRUKIYE

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