Journée mondiale de la kinésithérapie

Kinésithérapie : les professionnels en quête de visibilité

À l’occasion de la journée mondiale de la kinésithérapie, qui est célébrée le 8 septembre de chaque année, le Centre National de Référence en Kinésithérapie et Réadaptation médicale, CNRKR en sigle a organisé le vendredi 22 septembre 2023 une campagne de communication sur le rôle des kinésithérapeutes en mettant l’accent sur l’arthrose.

La Kinésithérapie au service de la promotion de  la santé et du bien être

Plus de 2,4 milliards de personnes ont besoin des services de réadaptation dans le monde, note le bureau de l’OMS au Burundi.

Pourtant, précise toujours la même source, plus de 50% dont la majorité des habitants des pays à faibles revenus n’y ont pas accès pour des raisons diverses.

La Kinésithérapie reste entourée de préjuges, déplore Dr Ildephonse Nduwimana, président de l’Association des Kinésithérapeutes du Burundi.

«Il y en a encore des gens qui pensent que la kinésithérapie est une thérapie réservée aux nantis ou qui doit intervenir lorsque toutes les autres thérapies ont échoué », précise-t-il.

 

L’ignorance de l’importance de la kinésithérapie  cause un grand préjudice au maintien de la santé, de la mobilité et de l’indépendance des personnes.

« Si un malade vient en consultation tardivement, les séances de kinésithérapies seront longues et coûteuses, d’où des abandons de soins pour cause de lassitude et de manque de moyens financiers », indique Arlette Irankunda du Care Connect Physiotherapy de Kinanira 3.

Des besoins sans cesse croissants en réadaptation

«Avec le vieillissement de la population et l’apparition de nouveaux cas d’hypertension artérielle et des AVC, les besoins  en réadaptation se feront toujours sentir avec beaucoup plus d’acuité », prévient Dr Olivier JADIN, Représentant de l’APEFE au Burundi.

journée mondiale de la kinésithérapie
journée mondiale de la kinésithérapie

En marge de la célébration de l’évènement, le CNRKR a organisé une journée portes ouvertes marquée par des consultations gratuites en kinésithérapie et une exposition qui  a rassemblé une vingtaine d’acteurs engagés dans ce secteur en vue de sensibiliser le public. Des invités dont les représentants du ministre en charge de la santé publique et de l’OMS ainsi que l’ambassadeur de Belgique ont pris la parole pour louer le travail des professionnels de la Kinésithérapie.

«Dites-nous ce que vous faites et le ministère est prêt à vous apporter son appui », a déclaré le Dr Oscar Ntihabose, Directeur Général de l’offre des soins au Ministère en charge de la santé en s’adressant aux divers exposants issus des centres de kinésithérapie du pays.

De son côté, l’ambassadeur de Belgique au Burundi Mr Michael Wimmer a salué le pas franchi par le Centre National de Référence en Kinésithérapie et Réadaptation, hôte de la cérémonie, l’invitant ainsi à devenir un milieu de recherche et de soins à vocation régionale.

Le CNRKR bénéficie d’un appui technique et financier de l’APEFE dans le cadre du  développement de la médecine physique-réadaptation. Un noyau de ressources humaines de qualité a été formé et une école de kinésithérapie créée au sein de l’INSP, d’après toujours  le Dr JADIN.

Albéric NDAYIRUKIYE

Foire aux semences

Burundi : l’avenir des semences paysannes au centre d’une foire

 Une  Foire aux semences a eu lieu le 26 juillet 2023 au centre de conférence Nazareth de Ngozi au nord du Burundi. Le thème retenu cette année est : « Préservons les semences traditionnelles pour la promotion de la diversité phytogénetique ». Retour sur les grands moments.

A 11 heures pile, les invités réunis dans la tribune officielle sont priés de se lever pour une séance de prière. En face, quatre grandes tentes de couleur blanche ornent le grand terrain du centre de conférence de Nazareth.

Chaque tente abrite les exposants encadrés par les quatre organisations burundaises partenaires de l’ONG belge Broederlijk Delen ou BD en sigle.

Il s’agit de l’ADISCO, l’INADES-FORMATION Burundi, la CTJEBU et l’UHACOM qui sont les organisatrices de l’évènement qui a réuni une soixantaine de coopératives.

A l’issue de la visite des stands, des murmures surgissent.  Les participants ont constaté amèrement que certaines semences  sont en voie de disparition.

« Nous avons trouvé de nouvelles variétés de haricot très productives et qui ne nécessitent pas de fertilisants », lâche un exposant qui tente de tranquilliser les plus sceptiques.

Foire aux semences
Foire aux semences

Lui, du nom de Gatabazi, originaire de la commune Ntega en province de Kirundo est un semencier très connu dans les régions du nord du pays.

D’autres semenciers lui emboîteront le pas en montrant à l’assistance d’autres variétés qui résistent à la maladie et aux aléas  climatiques.

«La protection des semences traditionnelles est un impératif pour garantir efficacement la sécurité alimentaire », a précisé Cyrille Hicintuka, chercheur à l’Institut des Sciences Agronomiques du Burundi, ISABU en sigle.

« Les semences traditionnelles constituent une identité pour un pays, celui qui les possède contrôle la vie » a renchéri Adrien Sibomana, homme politique et ancien Premier Ministre du Burundi du 19 0ctobre 1988 au 10 juillet 1993.

Face  à la menace de l’agro-industrie, l’ONG belge Broederlijk Delen a choisi d’appuyer les organisations locales en vue de tout mettre en œuvre pour préserver ce riche patrimoine, a ajouté  Paul  Bottelberge, Représentant de BD au Burundi.

Actuellement, les organisations  partenaires de BD sont à l’œuvre dans 13 communes des provinces Kayanza, Ngozi et Kirundo.

La foire a été ponctuée par  un moment de partage et  de faire la part belle aux magnifiques produits burundais dans des recettes de plats traditionnels.

Albéric NDAYIRUKIYE

Chômage… et s’il y avait une alternative

Chômage… et s’il y avait une  alternative 

Diego a fait des études de médecine avant de porter la toque. A 32 ans, il a toujours le goût de soigner les autres mais avec sa cuisine faite de produits naturels. La belle histoire d’un médecin devenu maître restaurateur malgré lui.

Des compétences techniques et relationnelles

La nuit tombe sur la ville de Bujumbura. Le travail est terminé. Un ami me propose de partager le repas du soir dans un restaurant du centre-ville de la capitale économique du Burundi.

Dans ce bel endroit romantique à souhait et sous la lumière des lampadaires multicolores, personnel et patron aux petits soins, vous êtes reçus en amis qu’en clients.

A peine assis, un serveur vient prendre notre commande. Devant nous, un homme attire notre attention. Visiblement stressé et fatigué, il semble donner des instructions.

« Urya muntu ni umukozi » (cet homme est un grand bosseur), me murmure à l’oreille mon compagnon. Dès que le serveur nous offre à boire, je lui demande le nom de son collègue.

« C’est le chef puis il est médecin de formation », lâche-t-il.

Très vite, je m’intéresse au médecin portant la toque sur la tête et habillé   en  chef cuisinier.

« Je m’appelle G. Diego, 32 ans, ainé d’une  famille de 4 enfants, natif de la mairie de Bujumbura », se présente-t-il laconiquement.

  1. Diego a eu une scolarité brillante. « J’ai réussi le concours national avec 90% et 85% à l’examen d’état, je n’avais pas de problème en classe », se souvient-il.

Ses parents lui ont toujours conseillé de faire des études de médecine. Il commence l’université à l’âge de 20 ans.

Le dilemme

Lorsque Diego obtient son diplôme de docteur en médecine, il pensait poursuivre ses études de  troisième cycle à l’étranger. Pendant deux ans, il n’aura ni bourse pour continuer ses études, ni travail.  «Ce fut un choc », se rappelle encore amèrement le jeune homme.

En suivant les publications sur les réseaux sociaux, Diego apprend qu’il y a une maison qui dispense des cours de cuisine, mais il n’a pas d’argent. Il parviendra seulement à payer les frais d’inscriptions mais il a peur que ses parents  sachent qu’il est en train d’apprendre à cuisiner.

«  Je ne pouvais pas le dire à mes parents car je connaissais comment cette histoire pourrais finir, je devrais aller lentement », précise-t-il en souriant.

Suite au manque de frais de déplacement, Diego a été forcé de révéler à ses parents ses nouveaux projets.

« Visage renfrogné en signe de déception, mon père me demanda de répéter trois fois  ce que je venais de lui dire », indique-t-il.

Actuellement, ajoute-t-il,  son père apprécie  le choix de son fils qui a réussi à s’affranchir d’un schéma traditionnel, pour lancer sa propre activité indépendante.

Yvan NDAYIRUKIYE

Doit-on dire « Oui je le veux» à quel coût ?

Doit-on dire « Oui je le veux» à quel coût ?

Locations de salle et de voitures, tenues des mariés et bagues, diners de réception,  fleurs et décorations…. le devis de la fête atteint des millions de francs.  La cherté de la vie pousse certains  couples à faire un  mariage « déritualisé », parfois sans invités.

Excitant mais coûteux

Samedi. Aux environs de 8 heures. Deux jeunes hommes adossés sur un arbre devant le supermarché dit «Village Market » discutent. L’endroit est plein de monde. On décore des dizaines de voitures de toutes marques pour les cérémonies de mariage prévues en fin de matinée.

N.G, est stressé, énervé et anxieux. Il lui manque encore un million sept cent cinquante mille francs pour payer une avance des boissons et la location de deux véhicules affectés au transport des parents. Il a  tenté de contracter une dette  auprès de ses amis, en vain. Le temps file.

« Ma future épouse est au courant de cette situation et nous sommes très gênés et honteux de ne pas  commencer notre nouvelle vie avec bonheur comme nous l’espérions », affirme-t-il.

Il ajoute que le désir d’imiter les autres devient décidément une source de stress pour le jeune couple.

Avec un comité de 42 membres, N.G et sa fiancée avaient espéré que les invités leur apporteraient des millions de francs comptant.

C’est à ce titre que le coût des boissons pendant la réception avait été fixé à 2 millions cent cinquante-deux mille francs.  Le coût estimatif de la fête dépassait largement les 5 millions de francs.

Les temps changent

«Les gens crient à la précarité économique et préfèrent prioriser ce qui est nécessaire au détriment de ce qui est ludique », note Séraphine, employée d’une maison spécialisée dans le décor.

La conjoncture économique est-elle l’unique raison de cette situation ? Pas que. Le changement de mentalité, à son avis, influe aussi de manière négative sur le rayonnement festif.  Peu de personnes semblent avoir la tête à faire la fête.

La ferveur pour les fêtes de mariage décline par ailleurs lentement chez  les jeunes. N.M a terminé ses études universitaires en 2018. Employé par une société locale  de gardiennage, il a fondé son foyer au mois de mai 2023 avec N.I, une vendeuse d’unités de recharge.

«Après avoir discuté avec ma future épouse des options qui s’offraient à nous pour financer ce grand jour, nous avons décidé d’organiser une réception pour onze personnes dont nos parents respectifs  pour un montant ne dépassant pas cinquante mille francs bu », précise-t-il.

Pourtant, ce jeune fonctionnaire avait préparé convenablement son mariage, aidé par une vingtaine de personnes triées à la volée parmi ses meilleurs amis.

« Les amis, les parentés et les membres du comité m’ont aidé par des contributions qui dépassaient légèrement un million de francs », indique-t-il.

Il conclut  en précisant que le surplus de cette fête  a été utilisé pour initier un petit commerce pour le jeune couple.

Albéric NDAYIRUKIYE

Leilla NDUWIMANA, l’artiste couturière

Leilla  NDUWIMANA, l’artiste couturière     

  Â 25 ans, Leilla NDUWIMANA est fondatrice de « Lely Fashion », une maison de couture. Assise devant sa machine à coudre, cette mère de deux  fillettes nous révèlera qu’elle ambitionne ériger ses collections au rang d’œuvre d’art.

La couture, une histoire familiale

Leilla NDUWIMANA, l’artiste couturière
Leilla NDUWIMANA, l’artiste couturière

«Ma passion pour la couture je la tiens de ma mère et de ma grand-mère toutes adeptes de la couture», affirme la désormais jeune entrepreneure.

Toute petite, ajoute-t-elle, j’adorais assister ma mère dans ses ateliers et de là, j’ai grandi avec cette envie de m’orienter dans ce métier.

Pendant que Leilla murissait encore l’idée de suivre le métier de ses parents, elle se fait inscrire à la Saint-Laurence University en Ouganda dans le domaine de l’Art Industriel et Design.

Après avoir obtenu son diplôme, Leilla décide de monter en solo la Lely Fashion. Elle fera  ses premiers pas sur le sol ougandais.

«Dès le début j’ai eu l’opportunité de travailler avec le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés –HCR en sigle dans la confection des masques de protection pendant la période de la pandémie de la  COVID 19 », se souvient-elle.

Investir dans la mode

Encouragée par le premier  marché avec le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés, Leilla réalise que le secteur est susceptible de présenter de nombreuses opportunités.

Pour elle, l’industrie de la mode est très large et englobe une vaste gamme de produits.

 « Grace à ce marché j’ai pu me procurer de nouvelles machines mais aussi des tissus », précise-t-elle.

A son retour au pays en 2022, Leilla a ouvert son atelier chez elle à Ngagara. Elle confectionne des créations à base de pagnes et de satin sur commande.

Après une année d’un  travail de titan, Leilla se dit très fière de son parcours. Elle est confiante en son avenir car, rappelle-t-elle, « the sky is the limit ».

Vanessa Kezimana