Doit-on dire « Oui je le veux» à quel coût ?

Doit-on dire « Oui je le veux» à quel coût ?

Locations de salle et de voitures, tenues des mariés et bagues, diners de réception,  fleurs et décorations…. le devis de la fête atteint des millions de francs.  La cherté de la vie pousse certains  couples à faire un  mariage « déritualisé », parfois sans invités.

Excitant mais coûteux

Samedi. Aux environs de 8 heures. Deux jeunes hommes adossés sur un arbre devant le supermarché dit «Village Market » discutent. L’endroit est plein de monde. On décore des dizaines de voitures de toutes marques pour les cérémonies de mariage prévues en fin de matinée.

N.G, est stressé, énervé et anxieux. Il lui manque encore un million sept cent cinquante mille francs pour payer une avance des boissons et la location de deux véhicules affectés au transport des parents. Il a  tenté de contracter une dette  auprès de ses amis, en vain. Le temps file.

« Ma future épouse est au courant de cette situation et nous sommes très gênés et honteux de ne pas  commencer notre nouvelle vie avec bonheur comme nous l’espérions », affirme-t-il.

Il ajoute que le désir d’imiter les autres devient décidément une source de stress pour le jeune couple.

Avec un comité de 42 membres, N.G et sa fiancée avaient espéré que les invités leur apporteraient des millions de francs comptant.

C’est à ce titre que le coût des boissons pendant la réception avait été fixé à 2 millions cent cinquante-deux mille francs.  Le coût estimatif de la fête dépassait largement les 5 millions de francs.

Les temps changent

«Les gens crient à la précarité économique et préfèrent prioriser ce qui est nécessaire au détriment de ce qui est ludique », note Séraphine, employée d’une maison spécialisée dans le décor.

La conjoncture économique est-elle l’unique raison de cette situation ? Pas que. Le changement de mentalité, à son avis, influe aussi de manière négative sur le rayonnement festif.  Peu de personnes semblent avoir la tête à faire la fête.

La ferveur pour les fêtes de mariage décline par ailleurs lentement chez  les jeunes. N.M a terminé ses études universitaires en 2018. Employé par une société locale  de gardiennage, il a fondé son foyer au mois de mai 2023 avec N.I, une vendeuse d’unités de recharge.

«Après avoir discuté avec ma future épouse des options qui s’offraient à nous pour financer ce grand jour, nous avons décidé d’organiser une réception pour onze personnes dont nos parents respectifs  pour un montant ne dépassant pas cinquante mille francs bu », précise-t-il.

Pourtant, ce jeune fonctionnaire avait préparé convenablement son mariage, aidé par une vingtaine de personnes triées à la volée parmi ses meilleurs amis.

« Les amis, les parentés et les membres du comité m’ont aidé par des contributions qui dépassaient légèrement un million de francs », indique-t-il.

Il conclut  en précisant que le surplus de cette fête  a été utilisé pour initier un petit commerce pour le jeune couple.

Albéric NDAYIRUKIYE

Leilla NDUWIMANA, l’artiste couturière

Leilla  NDUWIMANA, l’artiste couturière     

  Â 25 ans, Leilla NDUWIMANA est fondatrice de « Lely Fashion », une maison de couture. Assise devant sa machine à coudre, cette mère de deux  fillettes nous révèlera qu’elle ambitionne ériger ses collections au rang d’œuvre d’art.

La couture, une histoire familiale

Leilla NDUWIMANA, l’artiste couturière
Leilla NDUWIMANA, l’artiste couturière

«Ma passion pour la couture je la tiens de ma mère et de ma grand-mère toutes adeptes de la couture», affirme la désormais jeune entrepreneure.

Toute petite, ajoute-t-elle, j’adorais assister ma mère dans ses ateliers et de là, j’ai grandi avec cette envie de m’orienter dans ce métier.

Pendant que Leilla murissait encore l’idée de suivre le métier de ses parents, elle se fait inscrire à la Saint-Laurence University en Ouganda dans le domaine de l’Art Industriel et Design.

Après avoir obtenu son diplôme, Leilla décide de monter en solo la Lely Fashion. Elle fera  ses premiers pas sur le sol ougandais.

«Dès le début j’ai eu l’opportunité de travailler avec le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés –HCR en sigle dans la confection des masques de protection pendant la période de la pandémie de la  COVID 19 », se souvient-elle.

Investir dans la mode

Encouragée par le premier  marché avec le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés, Leilla réalise que le secteur est susceptible de présenter de nombreuses opportunités.

Pour elle, l’industrie de la mode est très large et englobe une vaste gamme de produits.

 « Grace à ce marché j’ai pu me procurer de nouvelles machines mais aussi des tissus », précise-t-elle.

A son retour au pays en 2022, Leilla a ouvert son atelier chez elle à Ngagara. Elle confectionne des créations à base de pagnes et de satin sur commande.

Après une année d’un  travail de titan, Leilla se dit très fière de son parcours. Elle est confiante en son avenir car, rappelle-t-elle, « the sky is the limit ».

Vanessa Kezimana

Kayanza : Agronomes communaux et animateurs de terrain apprennent à tester le sol

Dans le cadre du projet « TUBUNGABUNGE ISI NDIMWA » mis en œuvre par le consortium des organisations ADISCO, CAPAD, BD, et CSA financé par l’Union Européenne», une formation sur la caractérisation des sols  a eu lieu du 28 février au 2 mars 2023 à Kayanza à l’intention des agronomes et des animateurs de terrain de ce projet.

PROJET TUBUNGABUNGE ISI NDIMWA
Berchmans IRAKOZE, agronome communal de Gatara entrain d’instruire les agriculteurs

Cette formation concernait 22 apprenants constitués d’agronomes communaux et des animateurs de terrains du projet « TUBUNGABUNGE ISI NDIMWA » venant de toutes les communes de la province Kayanza.

Pendant  trois jours, les encadreurs agricoles des communes Butaganzwa, Gahombo, Gatara, Kabarore, Kayanza, Matongo, Muhanga, Muruta  et Rango ont appris des techniques qui leur permettront d’établir la qualité des sols et de diagnostiquer les problèmes de croissance des cultures et d’égouttement des champs.

« Il n’y a pas de sol stérile », a indiqué Madame Lydia Kigeme, formatrice et spécialiste des sols. Pour elle, chaque sol doit être caractérisé en vue de tenir compte de son état avant d’entreprendre tout projet.

Les agriculteurs de la colline Mudusi entrain de suivre les consignes des encadreurs
agricoles

«Chaque sol se détériore en fonction des aléas. La plus grande menace pour le sol, c’est l’érosion. Nous leur avons appris comment entretenir et protéger le sol quel que soit son état. Même un sol complètement dénudé et dont la croute couvre tout peut toujours être utile. Il y a moyen de le rendre productif en utilisant surtout des fertilisants naturels », dit-elle.

En développant cette expertise, les encadreurs agricoles peuvent mieux guider les producteurs et contribuer à l’amélioration du rendement, a indiqué l’expert en sol M. Cyrille Hicintuka.

Sous l’œil attentif des formateurs, les encadreurs agricoles décrivent la structure, la couleur, la consistance, la texture et la quantité de cailloux et de carbonates. Des échantillons ont été prélevés dans trois localités présentant des sols différents dans les communes de Gatara et Muruta.

Sur la colline Mudusi, zone Mbirizi de la commune Gatara, Berchmans Irakoze en compagnie de ses collègues animateurs de terrain de ce projet ont procédé à la vulgarisation des différents critères de caractérisation du sol.

«En plus de la bonne qualité du sol, d’autres éléments sont indispensables  pour avoir une bonne récolte. Il faut que le sol soit couvert et bien délimité par des courbes de niveau », a-t-il déclaré devant des cultivateurs réunis dans un champ soigneusement choisi pour sa fertilité.

Le formateur Cyrille Hicintuka se dit très satisfait du déroulement de la formation et du niveau de performance affiché  par les participants. Il note néanmoins que le chemin est encore long pour arriver à protéger le sol de manière durable.

« En matière de protection des sols, en plus des connaissances agronomiques, il y a d’autres techniques comme  le traçage des courbes de niveau ou l’usage des plantes fertilisantes en l’occurrence les plantes fixatrices d’azote », affirme-t-il.

A l’issue de cette formation, les agronomes communaux et les animateurs de terrain se sont  rendus dans leurs localités respectives pour partager l’expérience acquise avec les producteurs.

Albéric Ndayirukiye

Vanessa Kezimana

Lionel MUNYANEZA

De technicien en mécanique à cuisinier, la reconversion fulgurante de Lionel MUNYANEZA

A 25 ans, Lionel MUNYANEZA est un cuisinier d’exception. Un parcours atypique, plein de  déconvenues et expériences culinaires, Lionel est un cuisinier accompli, plein de modestie. Rencontre.

La prison, l’exil et la rue

Alors qu’il entre en première année post fondamentale, Lionel est soupçonné d’avoir participé aux manifestations de 2015, puis arrêté et emprisonné. Il n’a que 17 ans.

Sorti de prison, sa famille décide de l’extirper de sa zone natale, visiblement en fronde contre le régime en place à Bujumbura. Il s’enfuit en Ouganda.

Le jeune adolescent pensait suivre une scolarité normale. Il est inscrit à la  Windows School de Mbalala, section mécanique. Très vite, il déchante. Il doit se débrouiller seul pour survivre.

« J’ai dû vendre des arachides et des crêpes dans  les rues de Kampala pour pouvoir subvenir à mes besoins en alimentation et payer le minerval », se souvient-il.

En classe, Lionel fait ce qu’il peut. Il parviendra à décrocher son diplôme de technicien en mécanique.

Cuisinier loin de chez lui

Troisième d’une fratrie de quatre enfants, cet orphelin de père n’avait jamais cuisiné avant son exil. Il passait ses moments de détente à jouer au football.

Pendant qu’il errait dans les rues de Kampala, il est cueilli par un de ses clients de crêpes qui l’embauche désormais comme cuisinier.

« De là, je rêvais de travailler un jour pour un des restaurants VIP de la capitale ougandaise », dit-il.

Lionel sera tour à tour employé par les restaurants Okia et B-Plus où il apprendra à préparer les pizzas, les cup cake, les roll eggs, les gâteaux, les sambussa, etc…

«Au restaurant Okia, j’ai accepté de travailler en percevant un maigre salaire parce que je voulais à tout prix apprendre à préparer divers menus », confie le jeune homme.

Une rapide reconversion

Au mois de mars 2022, Lionel revient au pays pour chercher un passeport. Après avoir rempli les formalités d’usage, le document traîne et il continue à puiser dans ses provisions.

«Lorsque j’ai vu qu’il ne me restait que  150 mille francs, je me suis dit qu’il n’y avait pas d’autres choix que de retourner précipitamment en Ouganda. Mes amis à qui j’avais raconté mon parcours m’ont persuadé de travailler ici », affirme-t-il.

Muni d’un capital de 150 mille francs, l’audacieux jeune homme tente sa chance dans une petite boutique de l’avenue Muyira du quartier Kinanira II en zone Musaga.

Depuis ce jour Lionel voit sa clientèle augmenter de jour en jour.

Une fois qu’un client franchit la porte, Lionel surprend en lui proposant une offre spéciale ou la pizza du jour. Après onze mois de travail, il a déjà réalisé des bénéfices et fidélisé des clients.

« De 150 milles francs, je suis passé facilement à un capital de plus ou moins 3 millions francs  de », se réjouit-il.

Aux jeunes en quête d’emploi, Lionel leur recommande d’oser entreprendre. Pour lui, le principal handicap est le manque de confiance en soi.

«Il faut avoir un état d’esprit positif et répéter régulièrement l’expression : en avant », conseille-t-il.

Albéric NDAYIRUKIYE

Z&V COUTURE

« Z&V COUTURE »: un nouveau showroom haute couture à Bujumbura

Z&V COUTURE 
Z&V COUTURE

A 36 ans, Munu KHIIMORI, créatrice de mode originaire de la Mongolie dirige l’entreprise « Z&V COUTURE », un showroom spécialisé dans la couture personnalisée. Assise dans son bureau situé sur l’avenue de France, cette mère de deux enfants répond aux questions de Concept Plus.

Concept Plus : Pourquoi la mode ?

Mme KHIIMORI : J’ai toujours été une passionnée de la mode que même pendant mon parcours académique je  me suis orientée vers la mode. Après l’obtention de  mon Master en Fashion Design en Chine, j’ai commencé ma carrière dans la conception d’accessoires de mode en tant que designer de produits au Cachemire en Chine.

Z&V COUTURE 
Z&V COUTURE

En 2018, j’ai créé ma propre entreprise « ZEN VISION » d’où ma marque « Z&V COUTURE ». C’est à partir de  ce moment que j’ai commencé à faire de la conception et la couture personnalisée au Rwanda. Cette année,  nous nous sommes installés à Bujumbura où nous avons ouvert un showroom.

Concept Plus : Quels sont les différents services que vous proposez a votre clientèle?

Mme KHIIMORI : Nos principaux produits sont la couture ainsi que la location de robes de mariées, la confection d’uniformes professionnelles pour différentes entreprises œuvrant dans n’importe quel secteur, des tenues de scènes pour artistes, des tenues pour toute occasion spéciale en générale.

Nous fournissons aussi divers services comme des consultations en mode et création, en design d’intérieur et dispensons des cours en mode et création.

Concept Plus : Quelle est la nature de tissus que vous utilisez ?

Z&V COUTURE 
Z&V COUTURE

Mme KHIIMORI : Nous utilisons des tissus variés  comme le satin de mariée, la soie, la mousseline, le satin doux, l’organza, le tulle, la dentelle ou encore  la maille importés  de Dubaï, de  Chine ou du Rwanda. Nous utilisons aussi le tissu produit localement.

En principe,  tout dépend de ce que le client veut et de son budget. Il y a plusieurs façons de faire en fonction des moyens du client.

Concept plus : Quelle est la particularité de votre maison ?

Mme KHIIMORI : Nous  avons le savoir-faire, l’expérience et tous les outils nécessaires  pour satisfaire chaque besoin de nos clients. Nous sommes également très compétents en matière de résolution de problèmes.  C’est à ce titre que nous proposons à notre clientèle  un service de couture expresse. Par exemple, une confection normale de robe de mariée prend environ 4 semaines, mais avec le service express, ça peut prendre entre 7 et 10 jours.

Concept plus : Qui sont vos principaux clients ?

Z&V COUTURE 
Z&V COUTURE

Mme KHIIMORI : Notre clientèle est majoritairement composée de femmes, mais aussi d’entreprises hôtelières, de restaurants et d’entreprises de nettoyage qui passent des commandes d’uniformes pour leur personnel.

Nous travaillons également avec certains magasins spécialisés dans la location des robes de mariées. Ces derniers passent leurs commandes chez nous au lieu de commander à l’aveuglette à l’étranger. C’est un avantage certain en terme temps et de moyens financiers. De plus, nous sommes sur Instagram et TikTok sous le nom de «Zenvisionˍcouture ».

La Rédaction